Une forêt urbaine à Issy-les- Moulineaux …
Posté par touchepasamonciel le 19 juin 2022
Dans un article paru dans le journal de la Ville « Point d’Appui » de janvier 2022, la municipalité indique qu’elle envisage de planter 6 000 arbres à l’horizon 2026. Elle aurait reçu pour cela une reconnaissance de l’Agence nationale de biodiversité comme « territoire engagé pour la nature », ainsi que pour des projets de végétalisation des cours d’écoles, des façades , des toitures et la création d’îlots de fraîcheur urbains.
On ne peut qu’approuver toute démarche ayant pour but d’améliorer le bien-être des Isséens par plus de végétation en ville pour rafraîchir l’atmosphère en cas de canicule. Aussi, saluons l’idée de « forêt urbaine » annoncée sur l’esplanade du Foncet
Cet espace de 125 m2 a été planté de 120 arbres de différentes essences locales et de hauteur de 3m et plus. Le fait de planter 1 arbre au mètre carré s’apparente aux méthodes de plantation de l’ONF, à ceci près qu’il s’agit pour la méthode classique, de plans forestiers de 50 cm, puis à éclaircir ce « semis ». Restent alors les arbres les plus résistants. La plantation à Issy-les-Moulineaux a été faite avec des arbres « adolescents », bien plus chers à l’achat (20 fois plus environ) que des plans forestiers.
Selon Louis Vallin, expert arboriste, reconnu par le département des Hauts de Seine, « ces arbres de 3 ou 4 mètres appelés « baliveaux » sont très gourmands en eau et très vulnérables aux fortes températures, ce qui se répercutera sur sa masse foliaire plus chétive à long terme et par l’apparition de champignons et parasites. Vouloir planter des arbres de grande taille, avec un faible espace entre eux, ce qui rendra la forêt urbaine impénétrable, plutôt que des plans forestiers est très onéreux et n’est pas durable ».
Il semble que la plantation de 144 arbres de grande taille (entre 5 et 9m) dans les nouveaux bâtiments du Cœur de ville soit dans une configuration équivalente que celle de l’esplanade du Foncet. Ce lieu est encore en travaux et nous n’avons pas été autorisés à nous approcher. De loin, il y avait en effet, quelques arbres ou arbustes, dont certains sur des balcons…
Même si le programme de plantation de 6000 arbres est à saluer pour une ville très bétonnée, il faudrait connaître le nombre d’arbres abattus dans la commune pendant cette même période de 6 ans, ce qui réduit la performance d’un territoire engagé pour la nature !
Clotilde Norguet (Présidente d’ACTEVI)
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Commentaire (rapide) de Louis Vallin, expert arboriste :
Nous sommes ici en présence de création d’un ilot de fraîcheur. Pour cela l’utilisation de baliveaux diamètre 8/10 voire 10 /12 sans doute plantés en racine nue et mottes 1 par m2; avec des arbres d’environ 3 à 4 m est une plantation avantageuse sur terrain enherbé car la plante ne subira pas la concurrence de l’herbe à son départ la première année.
Ce type de plantation a été la même chose à la maison de la radio à Paris. Il y a été planté un couvre sol en lierre
C’est une plantation coûteuse en prix de baliveaux et en main d’œuvre de plantation. L’entretien et le suivi d’arrosage va être très coûteux aussi en eau.
À noter aussi que la culture en pépinière de ces sujets est très demandeuse d’eau. Les baliveaux subiront un stress plus important en cas de forte chaleur ce qui se répercutera sur sa masse foliaire plus chétive à long terme et l’apparition de champignons et parasites de l’arbre.
On est ici à la limite d’utilisation de plantation pour créer des forêts urbaines ou des îlots de fraîcheur. Des sujets en plants forestier encaissent mieux ce genre de problème et leur installation est pérenne.
Ce qui me choque un peu aussi c’est l’urgence à installer des sujets toujours plus grand. On va arriver dans la démesure. L’éducation du public à planter des arbres en ville a un impact sur la responsabilité de verdir le territoire. Ici c’est une fuite en avant dans la conscience des maires de planter pour couper ce qui existe sans scrupule. Il faudra peut-être attendre 15 ans pour retrouver la même bio masse ici sur 125 m2 que 2 arbres adultes en forme libre.
Je n’ai pas le détail des espaces de plantations, s’il y a des arbustes relevés en sous étage, noisetier, viburnum, cornus, etc.
Très rapidement les arbres vont se faire concurrence. Soit on n’intervient pas et la plantation va s’adapter d’elle-même mais dans ce cas la plantation de départ est trop haute.
Je suis passée pas là mi-juin. Seuls les 2 arbres préexistants sont bien verts. Le reste semble mort ou en train de mourir, arborant péniblement quelques feuilles qui n’en peuvent plus… Il faut dire qu’ils n’ont pas de chance ces pauvres arbres, on leur demande de pousser dans un dé à coudre de terre…