Enquête Publique sur la ZAC Léon Blum : avis d’ACTEVI
Posté par touchepasamonciel le 19 septembre 2015
Les remarques suivantes ne prétendent pas à l’exhaustivité, mais relèvent quelques aspects du projet qui interrogent.
L’enquête porte sur le « secteur Léon Blum ». En fait, le périmètre de la ZAC qui fait environ 17 ha 4, va bien au-delà du carrefour. Outre celui-ci, la ZAC s’étend en linéaire le long de l’avenue de Verdun jusqu’au droit du centre commercial des Trois Moulins. L’objet de l’enquête n’est donc pas uniquement de préparer la réalisation de la gare du Grand Paris Express au carrefour, ceci d’autant moins que son aménagement est de la compétence du département et de la société du Grand Paris, mais englobe la démolition d’un habitat ancien et la densification de l’ensemble de la ZAC.
La densification
1) Le programme prévoit un total de 131 677 m2 de surface de plancher dont :
- 99 530 m2 de logements dont au moins 25 % sociaux,
- 3 536 m2 de commerces,
- 27 811 m2 de bureaux,
- 800 m2 d’équipements publics, situés dans l’îlot A, qui correspondent probablement à la réalisation du mail.
2) On distingue bien la pluralité des secteurs concernés en consultant le tableau des implantations de surfaces commerciales qu’il est prévu d’ouvrir :
- 1 000 m2 dans le secteur Aristide Briand,
- 600 m2 avenue de Verdun, dans l’îlot D, du 115 au 129,
- 1 000 m2 sur le carrefour Léon Blum, entre l’avenue de Verdun et les Arches,
- 286 m2 rue Jean-Jacques Rousseau,
- 650 m2 à l’emplacement de l’ancien Franprix au carrefour Léon Blum.
3) La rénovation de la ZAC va entrainer la création de 1570 logements (Il convient de se référer uniquement au tableau de la page 9 du rapport de présentation qui est la prévision la plus récente). Mais le nombre de logements démolis étant inconnu, on ne sait si ce chiffre est un solde positif ou le chiffre brut sans déduction des logements détruits. Le tableau ne précise pas la hauteur de toutes les opérations. Selon les chiffres qui sont connus, la densification semble demeurer dans des hauteurs raisonnables en dehors de deux « signals forts »près du carrefour Léon Blum. L’illustration en maquette de l’un d’eux, permet d’évaluer sa hauteur à 60 m environ. Aucune indication n’est fournie sur le second. Or ces bâtiments seraient destinés aux logements. Et l’on sait que les immeubles élevés entraînent des charges élevées.
Il y a donc une densification importante : plusieurs îlots seront détruits et feront place à de nouvelles constructions, notamment dans la résidence Aristide Briand qui perd une grande part de ses espaces verts.
Le programme comporte encore 28 000 m2 de bureaux environ soit un peu moins du quart de l’aménagement projeté. Etait-ce vraiment nécessaire au regard du nombre de m2 de bureaux vacants en île de France (environ 6 millions) et de la crise de surproduction dans ce secteur, même si l’on admet que certains bureaux ne sont plus fonctionnels au regard des critères actuels ?
L’étude donne peu de précisions sur l’aménagement de la gare du GPE et ses abords. Cet aménagement devrait faire l’objet d’une enquête spécifique. Mais cette absence contribue à une certaine impression de flou.
Les moyens de transport
La ZAC serait au cœur d’un grand choix de transports en commun. Mais il faut remarquer qu’il y a 7 ou 800 m de distance entre le carrefour Léon Blum et le chemin des Montquartiers, limite de la ZAC, et 1 km 200 environ si on part de la rue Roger Salengro.
Le seul bus passant au carrefour Léon Blum est le 123. Le TUVIM passe rue Jean-Jacques Rousseau, en limite du périmètre mais pas par le carrefour. Les autres bus dont il est fait état, passent au-delà des limites de la ZAC dans le secteur des Trois Moulins.
Le prolongement de la ligne de métro n° 12 est considéré comme acquis. Or il ne figure pas encore sur le programme des travaux prévisionnels du Syndicat des transports d’Ile de France (STIF), mais uniquement dans les prévisions du Schéma directeur d’Ile de France (SDRIF) vers 2030.
L’ouverture de la gare du Grand Paris Express (GPE) est déjà retardée à 2022. Elle pourrait l’être encore davantage. Le rapport de présentation précise qu’ « à l’horizon 2030, la ligne 15 du GPE sera achevée en totalité ». La remarque est pertinente et inquiétante. A quoi sert une gare qui ne mène nulle part.
Les stations de tramway « les Moulineaux » et « Jacques-Henri Lartigue », également en dehors du périmètre de la ZAC, sont à 5 ou 600m du carrefour. L’accès de la station « Jacques-Henri Lartigue » impose de nombreux détours aux piétons. Le mail d’accès à la station « les Moulineaux », prévu dans la résidence Aristide Briand semble fermé à son extrémité.
L’étude d’impact, décidemment très optimiste, n’hésite pas à adjoindre la Seine et la gare de Clamart (« à 1km à vol d’oiseau ») dans ces moyens de transport.
En fait, le carrefour Léon Blum n’est desservi actuellement que par le bus 123 et une station secondaire du RER C, la station Issy-Ville. Or il convient de rappeler que le RER C est une ligne ancienne, sujette à des pannes fréquentes.
On est donc loin de la réalisation d’un pôle multimodal.
Si, comme prévu, les aménagements dans la ZAC sont terminés en 2020, la densification entraînera de lourdes gênes pour les habitants confrontés à l’insuffisance des transports en commun.
Ceux-ci n’ont même pas la ressource d’user commodément de la route. Les estimations de trafic routier « sont établies sur la base d’une mise en service en 2020 avec un trafic constant et une stabilité de trafic sur les 20/25 années suivantes…l’optimisation de l’offre et du réseau de transport en commun, notamment la gare GPE d’Issy RER, et la modification de la part modale en faveur des transports en commun devant à terme compenser la hausse de trafic VL liée à la densification urbaine du secteur (P. 213-214) »
Donc, à terme, nous sommes (presque) rassurés.
Il est également question d’un hypothétique prolongement du tram T10 et d’un non moins hypothétique Transport collectif en site propre (TCSP) entre la défense Sud et le Val de Seine.
On ne peut s’empêcher de constater que rien n’a été prévu entre 2015 et 2030, période pendant laquelle les habitants subiront et les travaux et l’insuffisance des transports.
Il s’agît d’un milieu physique fragile où les espaces verts censés remédier à l’imperméabilisation du sol sont inexistants.
La ZAC est un milieu fragile où l’eau notamment est très présente ainsi que d’anciennes carrières. L’étude d’impact reconnaît la nécessité de ne pas aggraver l’imperméabilisation des sols. Pourra-t-on éviter des nuisances ou même des accidents malgré la densification. On apprend avec satisfaction qu’ « un entretien raisonné des espaces verts, avec limitation des produits phytosanitaires, évitera la pollution des eaux superficielles par infiltration ». Mais où sont les espaces verts ?
Les espaces verts
« Les talus de la ligne RER C et les coteaux situés en limite sud constituent les seuls espaces verts de la ZAC ». Il s’agît dans les deux cas de franges très minces, qui ne se prêtent pas ou difficilement à un accès public et dont l’importance est quasi nulle.
Les habitants de la ZAC sont renvoyés (P. 5 du rapport de présentation) « aux bords de Seine, à l’île Saint Germain, au parc Barbusse et au parc Rodin »…rares seront les habitants qui bénéficieront d’un espace vert à 10 mn à pied au plus de leur domicile ainsi que le préconise L’OMS.
Dans l’étude et dans la réponse de la mairie à l’autorité environnementale, « les voies douces » ou « la continuité écologique » signifient que les alignements d’arbres seront conservés et « les plantations qui seront mises en œuvre correspondront à des plantations d’alignement de charmes …des trottoirs larges et des parvis devant les commerces sont prévus ».
Proposition : Ne peut-on envisager des trottoirs larges partout et des plantations végétales en plus des arbres ?
Il semble que les « voies piétonnes sécurisées »ne concernent que l’accès à la gare d’Issy et autour du carrefour. Il est bien mentionné la création d’un mail piéton reliant le carrefour Léon Blum à la Seine dans l’îlot Aristide Briand. Ce mail aura pour fonction de faciliter les connexions entre la gare du GPE et les arrêts du T2. Mais, on constate que le mail est fermé à son extrémité. Y aura-t-il d’autres voies piétonnes conduisant aux espaces verts ?
Sur la place Léon Blum deux scenarii sont proposés et seront décidés en fonction de l’enquête publique :
- Un rond-point végétalisé
- L’adaptation des feux existants.
Bien que la deuxième proposition semble privilégiée pour des raisons de commodité, ACTEVI est favorable à la première proposition qui aurait l’avantage d’apporter des perspectives végétales aux rues adjacentes. Un rond-point végétal apporterait une bouffée d’oxygène dans le quartier sans oublier le côté esthétique qui pourrait être un plus pour la ville.
Aucun équipement supplémentaire, crèches écoles ou autres n’est prévu en dehors des commerces.
Nulle part l’impact de l’augmentation de la population n’est étudié au regard des capacités d’accueil des équipements actuels. Non plus que la possibilité d’un raccord à la compagnie parisienne de chauffage urbain (CPCU) et à la collecte pneumatique des déchets. Ces potentialités font d’ailleurs l’objet d’une demande d’étude de l’autorité environnementale.
En conclusion
La densification s’accompagne de prévisions d’implantations commerciales correctes. Mais aucun autre équipement supplémentaire (écoles, crèches…) n’est prévu. Les transports ne sont pas renforcés alors même que la ligne 15 ne sera opérationnelle qu’ « à l’horizon 2030 ». Les espaces verts sont inexistants. Le milieu physique fragile peut provoquer des nuisances. La pollution de l’air est déjà importante et ne pourra que s’aggraver avec la densification des constructions et un trafic routier intensifié. L’estimation du volume de déchets généré par les travaux n’a pas encore été menée. On peut s’interroger sur la qualité de vie des futurs habitants.
Deux études sont demandées par l’autorité environnementale : une campagne de mesure du bruit dont les résultats seront proposés durant l’enquête publique, et l’étude du potentiel de développement des énergies renouvelables à finaliser lors de la réalisation de la ZAC. ACTEVI ne manquera pas d’examiner le résultat de ces études.
Au vu de l’importance et de la longueur des travaux, ACTEVI propose que les habitants puissent joindre en toutes occasions, de façon permanente, une ou plusieurs personnes bien identifiées, spécialement nommées à cet effet, pouvant répondre à leurs questions et recevoir leurs réclamations et pas seulement par internet. Peut-être faut-il étendre cette possibilité de se faire entendre aux habitants proches de la ZAC qui seraient impactés par des nuisances.
L’enquête publique concerne divers ilots (de A à J), mais l’ilot G n’est pas inclus, et pas décrit au prétexte que c’est l’affaire de la société du Gand Paris. C’est bien dommage puisqu’il sera l’un des 2 bâtiments signal de la ZAC (avec l’ilot F, en remplacement du la résidence Verdun qui sera remplacé par un bâtiment de 17 étages, ce qui est énorme) . Les documents soumis à enquête publique évitent bien soigneusement de parler de la hauteur du Phare de l’ilôt G, qui est précisément celui qui inquiète le plus les isséens. Tout au plus une petite esquisse page 172………. qui nous laisse craindre un bâtiment deux fois plus haut que la résidence Verdun !
Concernant l’ilot A, on note un mail piéton intéressant (et rare poche de verdure dans l’ensemble de la ZAC), mais de là à le considérer comme une ouverture vers la Seine, c’est méconnaitre la présence du T2, qui forme une barrière entre l’ilot et la Seine ! Par contre ce mail, tout comme la rue A. Briand, permettra de rejoindre la station de Tram Les Moulineaux.
Concernant l’évaluation des transports dans la ZAC, on note l’absence totale de démarche pour irriguer la ZAC en bus complémentaires, les documents présentés se contentant de noter « à proximité » les bus 289, 389. 190, (qui sont à environ 800 m du carrefour Léon Blum) et la gare de Clamart à 1 km, à vol d’oiseaux!! Pratique, pour le travailleur essayant d’aller ou de rentrer du travail !!
Et Seine Ouest Aménagement, tel Perrette dans la fameuse fable, de tabler sur :
- le prolongement de la ligne 12 du métro jusqu’à Léon Blum ou la Ferme ( cela dépend des schémas) n’est malheureusement pas inscrit à SDRIF (le SDRIF n’en prévoit l’extension que vers le Nord)
- l’extension du tramway T 10 qui n’existe qu’à l’état de vœux pieux (le terminus est prévu Place de la Garde à Clamart, et le T10 ne pourrait rejoindre Issy que par voie souterraine, avec les coûts prohibitifs que l’on connaît)
- et un hypothétique Transport collectif en site propre (TCSP) entre La Défense Sud et le Val de Seine !!
Oui, en effet, avec des bus en interconnexion sur place (outre le 123 qui dessert la zone), et une gare de bus desservant l’ensemble de la ville sur place, le projet intermodal aurait eu toute sa pertinence. Ce n’est pas le cas aujourd’hui, ni demain, puisqu’il table sur de longues distances à parcourir à pied entre 2 moyens de transport et l’arrivée on ne peut plus incertaine de divers autres moyens de transports (métro, T10…)
Le projet de ZAC se veut vertueux, puisqu’il annonce la construction de 1570 logements . Mais combien de logements seront détruits ? Quel est, en fait, le solde positif de logements. C’est ce chiffre là qu’il faut prendre en compte, mais malheureusement il n’apparait nulle part.
L’étude d’impact présentée le reconnait elle-même, elle n’est pas aboutie, puisque diverses études complémentaires doivent y être incorporée en septembre et en automne… C’est bien dommage.
Perspectives visuelles : seules les perspectives vers la gare sont considérées, rien à partir de la gare. C’est regrettable.
Le CPCU et la collecte pneumatique, le photovoltaïque: ils n’ont aucune place dans cette ZAC . C’est une occasion manquée. Pourquoi ce qui ce fait en haut de la ville ne peut il pas se faire en bas ???
L’Eco-quartier des bords de Seine (360 logements) est équipé d’une collecte pneumatique de déchets. L’ilôt A de la Zac Léon Blum comptera 750 logements. Pourquoi ne pas leur installer la collecte pneumatique ??
Est-ce parce qu’il s’agira de logements sociaux ?
Concernant la circulation routière, rien n’est abouti. Giratoire ou carrefour à feux, on verra plus tard… on croit rêver…
Du reste l’autorité environnementale ne s’y est pas trompée. Elle émet beaucoup de réserves justifiées, et les réponses qui y sont apportées ne sont pas convaincantes.