MODIFICATION DU PLU : CIRCULEZ ! IL N’Y A RIEN A VOIR …
Posté par touchepasamonciel le 17 décembre 2008
Suite à l’enquête publique sur la modification du Plan Local d’Urbanisme (PLU) d’Issy (voir article précédent), le Commissaire-Enquêteur a rendu son rapport . La municipalité a également présenté ses conclusions lors du Conseil Municipal du 11 décembre et dans un courrier adressé aux personnes ayant formulé des remarques. Il en ressort que pour eux, les remarques formulées par les isséens n’avaient pas à être prises en compte.
Comme vous pourrez le constater à sa lecture, le rapport du Commissaire-Enquêteur nous semble déséquilibré et montre les limites de ce genre d’exercice où le rédacteur cherche plus à justifier le projet de la Mairie qu’à l’observer sur un angle critique (à charge et à décharge). Les observations d’ACTEVI sont toutes balayées d’un revers de la main sauf pour les références au téléphérique qui subsistaient encore et dont l’enquêteur propose la suppression, histoire de dire « vous voyez je n’ai pas dit non à tout ». Et sur plusieurs points importants, l’argumentation utilisée pour rejeter les objections nous semble particulièrement faible.
La destruction du PACI :
On nous dit « la construction des logements sociaux ou pas est un impératif au moins aussi important que la conservation du patrimoine ». Certes mais pourquoi faut-il que ce soit l’un ou l’autre, pourquoi pas les deux ? Pourquoi construire des logements justement là où l’on a un patrimoine rare ? Pourquoi détruire le PACI qui, comme chacun sait, vient de faire l’objet d’importants et coûteux travaux de rénovation pour le reconstruire ailleurs (ZAC Cœur de Ville) et le remplacer par des logements ? Pourquoi ne pas laisser le PACI rénové là où il est et construire les logements dans la ZAC où devait être implanté le futur PACI ? Le rapport ne traite pas ces questions de bon sens…
L’apologie de la densification :
Le paragraphe dithyrambique du Commissaire-Enquêteur sur les bienfaits de la densification pose encore un problème d’équilibre : certes il y a des « économies d’échelle » dans le processus de densification mais il y a des limites à ne pas dépasser : au début on consomme moins de carburant, les infrastructures sont mieux rentabilisées… puis se produit le phénomène inverse de « déséconomies » : les embouteillages augmentent la consommation de ce même carburant ainsi que la pollution, les transports en commun sont surchargés, les infrastructures deviennent plus complexes à réaliser et à entretenir ce qui entraîne des surcoûts… Et puis en dehors de la rentabilité économique il faut peut-être penser aussi aux habitants : l’impact sur leur qualité de vie, leur santé, les nuisances de toutes sortes liées directement à la densification et dont les politiques tiennent rarement compte. Une question toute simple à poser pour terminer : que va apporter de positif la tour ZAC Cœur de Ville, si elle est réalisée, pour les isséens et notamment les riverains ? Pour ce qui est du négatif, par contre, on sait.
La construction de nombreux bureaux :
Dans le même esprit, à la remarque d’un isséen qui considère qu’on a utilisé beaucoup de terrains pour les bureaux et qu’il n’y en a plus pour les logements, la réponse »les bureaux sont aussi nécessaires à la vie urbaine » pose là encore un problème d’équilibre. Certes les bureaux sont nécessaires mais si la ville avait disposé d’une véritable réflexion en matière d’urbanisme au lieu de construire des bureaux à tout va, elle ne serait pas contrainte aujourd’hui de décider de détruire le PACI pour faire du logement.
Des garde-fous insuffisants pour pallier la suppression du COS :
Là encore, il semble que les remarques d’ACTEVI n’aient pas été comprises*. Dans son courrier, le Maire-Adjoint à l’Urbanisme indique que le COS a été remplacé par des contraintes de gabarit (hauteur, emprise au sol) et donc que cela n’entraîne pas de densification. En fait il ne répond absolument pas à l’objection. En effet, tout dépend des valeurs retenues pour les différents paramètres des gabarits : si l’on remplace un COS de 0,6 par une hauteur maximale de 9m et un taux d’emprise au sol de 0,6, il est clair que l’on va densifier en permettant de construire en 2ème épaisseur même si en façade sur rue ça ne semble rien changer. Ce qui se prépare dans l’opération immobilière de la rue Tariel en est un exemple frappant.
* Ceci explique peut-être cela, le Maire-Adjoint chargé de l’Urbanisme a déclaré au Conseil Municipal du 11 décembre 2008 que les remarques faites sur le projet de modification du PLU étaient « fastidieuses ». Nous pensons qu’elles étaient simplement sérieuses.
La lecture du Point d’Appui de janvier 2009 (Mensuel n° 421) me fait relever, à la page 26, dans l’encadré [Modification du Plan Local d'Urbanisme] que M. Le Commissaire-Enquêteur a donné, après enquête, un avis favorable (avec 5 recommandations).
Concernant l’ex-téléphérique, il faudrait savoir s’il s’agit d’une « simple » recommandation ou d’une injonction ?
Au sujet de ce PLU modifié, j’ai reçu, le 18 décembre 2008, un courrier-réponse de M. le Commissaire-Enquêteur qui me dit avec outrecuidance « de ne pas avoir peur de la densification ». Je n’ai pas peur de la densification puisque je réside à Issy-les-Moulineaux depuis 1963. Mais que peut-on dire de cette densification qui a manqué sérieusement de mixité et d’à propos urbanistique voire de stabilité architecturale ? On ne peut pas toujours être exagérément dithyrambique ou prosélyte comme le Point d’Appui mais savoir être critique du terrain actuel existant pour faire progresser les choses avec bon sens et améliorer si possible la vie des Isséens.
On peut développer :
Mixité urbanistique
On constate à Issy une localisation des zones d’activités qui a pour conséquence soit une population « densifiée », soit une population « ruralisée ».
Et aussi le futur Fort numérique ?
A propos urbanistique
L’utilisation négligée ou mal utilisée, pourtant capitale, de l’axe Rond-Point de la Ferme jusqu’à la Porte de Versailles – Axe correspondant d’ailleurs à la ligne 12 du métro permettant des bretelles de transports de raccordement diversifiés. De plus, incohérence de la voierie avec sens et contresens.
Et aussi le futur Fort numérique ?
Stabilité architecturale
Quartier Haussmannien certainement de qualité mais « pompeux », sans commerces.
Toitures d’habitation en forme de « hangars pour avions »
Attiques de construction en zinc pré-patiné qui rappellent encore les hangars agricoles ou usines
Un projet de tour « icarien » prétentieux et d’un urbanisme vertical inapproprié
Enfin, un projet immobilier compact et linéaire de « promoteur privé » aux 32-34, rue Henri Tariel qui détruirait le paysage et, en plus, la vue à partir du « parc public » Henri Barbusse. La réalisation Anatole France ayant été plus justifiée dans la même rue.
Et aussi le futur Fort numérique ?
Enfin, et pour terminer, une « anecdote » pour M. le Maire-Adjoint à l’Urbanisme.
Le 1er janvier 2009, je précédais un papy avec ses petits-enfants.
Question du papy : « Où voulez-vous aller les enfants ? »
Réponse : « Au parc Jean-Paul II papy. »
Pas au centre-ville car il n’y a rien à voir (sauf un petit manège sympa pendant les fêtes).
Au même âge, avec ma grand-mère, j’allais au centre-ville de ma ville natale car il y avait tout pour distraire les petits et les grands…
La perfection n’existe pas, dit on, mais ce qui précède a été déclenché par l’aveuglement et l’inexpérience isséenne des propos de M. le Commissaire-Enquêteur.
Bonne année à tous les décideurs qualifiés et clairvoyants sur l’avenir de la Ville.